Tuesday, June 16, 2015

Adoption au Québec – Mode d'emploi


« Ce tas de cendres éteint qu'on nomme le passé... » – Victor Hugo
Adoption au Québec  Mode d'emploi
« Les enfants se font rares dans les pays où ils auraient une chance d'être heureux, et viennent en rangs serrés dans ceux où ils meurent de faim. » – André Frossard, journaliste et philosophe français. Le Québec et les Maritimes sont parmi les derniers endroits en Amérique du Nord à interdire les ententes privées entre les mères biologiques et les parents. adoptifs. « Il est une boisson dont on ne se lasse jamais : l'eau ; il est un fruit dont on ne se fatigue jamais : l'enfant. » – Proverbe tamil.

Michel Vincent | Enjeux/Radio-Canada | 2002-10-22

Vous désirez adopter un enfant québécois ? Bonne chance et, surtout, faites preuve de beaucoup de patience ! Il n'y a presque plus de bébés à adopter au Québec [en 2002 !], et vous pourriez avoir quelques cheveux blancs avant d'atteindre votre but. Pourquoi le Québec est-il passé en l'espace de 40 ans d'un statut « d'exportateur » de bébés à celui « d'importateur » ? Faute de bébés, près d'un millier de couples québécois se tournent chaque année vers l'étranger pour adopter un enfant, un phénomène devenu banal dans notre société. D'autres vont plutôt choisir d'accueillir à la maison des enfants négligés retirés à leurs mères biologiques par la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ).

 

Comment expliquer cette pénurie et cette tendance ? La société québécoise est-elle vraiment différente de celle d'autrefois ? On peut en douter, du moins vis-à-vis des jeunes mères célibataires. Si aujourd'hui la société juge beaucoup moins les mères célibataires, les jeunes filles qui connaissent une grossesse non désirée optent en grande majorité pour l'avortement. Très peu vont se tourner vers l'adoption, qui est encore trop souvent perçue au Québec comme un geste d'abandon et non comme un acte d'amour. Le Québec souffre encore de son passé. Il y a quelques décennies, les bébés des filles-mères étaient confiés aux sœurs qui, sans les consulter, les remettaient aux couples de leurs choix.
 


Le dilemme d'une mère célibataire au Québec : Louise, 23 ans. Elle a opté pour l'adoption en toute fin de grossesse après plusieurs mois de réflexion et s'est mise à la recherche d'une famille pour son enfant, pour apprendre que la loi, au Québec, ne lui permettait pas de choisir la famille qui allait accueillir son bébé. « J'aurais pu lui donner tout l'amour qu'elle voulait, même trop mais c'est pas assez. J'avais peur de ne pas avoir de nourriture sur la table pour elle, qu'elle ait faim, qu'elle n'ait pas ce qu'elle veut. Je voulais avoir une mère, un père, qui avaient tout à lui offrir. »

 
Doreen Brown se spécialise dans les questions d'adoption depuis une quinzaine d'années. Elle estime que le Québec devrait réviser son approche, pour le plus grand bien des enfants et des parents adoptifs.

 
« Je pense que la mère devra avoir le choix si elle veut donner son enfant à un couple, c'est elle qui doit décider. »

 
Aussi surprenant que cela puisse paraître, les mères célibataires au Québec qui choisissent l'adoption ne peuvent toujours pas choisir aujourd'hui les parents de leur bébé, une situation presque unique en Amérique du Nord. « Quand j'ai découvert qu'au Québec on n'a pas le droit de choisir la famille à qui notre enfant va, j'ai trouvé ça affreux... de ne pas être capable de choisir la famille avec laquelle mon enfant va être élevé, c'est injuste. Ils [les gouvernements] n'ont pas le droit de demander cela à une mère. » Les couples québécois qui souhaitent adopter un enfant québécois doivent s'armer de patience. Leur attente peut durer jusqu'à dix ans.

 

Environ 900 enfants étrangers sont adoptés au Québec chaque année; la moitié viennent de Chine. Adopter un enfant chinois coûte environ 25 000 $ [en 2002]. Adopter un bébé québécois est gratuit, mais rarissime. On compte en moyenne une dizaine d'adoptions de ce type par année. Contrairement au Québec, les couples infertiles de l'Ontario peuvent encore adopter des bébés dans des délais raisonnables. Les mères biologiques, par l'intermédiaire d'un avocat et d'une agence, choisissent elles-mêmes à qui elle vont confier leur enfant. Le système privé s'adresse aux couples qui veulent adopter des bébés naissants et qui sont prêts à payer. Entre 15 et 20 bébés par mois (200 en moyenne par année) sont confiés à l'adoption par leurs jeunes mères en Ontario, soit 20 fois plus qu'au Québec. Des couples québécois fatigués d'attendre choisissent l'Ontario ; d'autres encore se tournent vers les États-Unis.

Hyperliens
·       Les enfants du péché – Un autre reportage d'Enjeux sur l'adoption

Sites canadiens
·       Canada Adopts
·       The Family Helper Net

Sites américains 
·       Adoption.org
·       Adoption Connection
·       National Adoption Center
·       Adoption Access
·       Open Adoption Services
·       Adoption Network

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